[Le journal d'un lecteur : le Poitou-Charentes et l'Aquitaine à bicyclette | Jean-Pierre Brèthes]
Le journal de Jean-Pierre Brèthes est singulier car il raconte les préparatifs et le déroulement d’une randonnée de « cyclo-lecture » dans le Sud-ouest en 2007. Ancien conservateur de bibliothèque, l’auteur à la retraite s’investit dans un projet personnel longuement mûri. Il parcourt à bicyclette le Poitou-Charentes et l’Aquitaine afin de « privilégier les pérégrinations denses, lentes, durables qui… proposent la rencontre des hommes. C’est ce lien entre voyage et littérature qui sera au centre de ce livre… » On découvre le monde selon Jean-Pierre Brèthes, naïf et frais, spontané et confortable. Son écriture lisse et plate est au diapason d’un regard formaté et conformiste : « Avril 2007. Le temps est exceptionnellement beau : un printemps de rêve. » Comment un homme qui s’est frotté aux mots et aux textes des autres avec goût et discernement tout au long de sa vie peut-il écrire d’une façon aussi atone, voire un tantinet niaiseuse ? Lorsqu’il vante les bienfaits de la bicyclette, sa « Rossinante », le lecteur entre dans le pédalage de semoule avec des remarques éculées, évidentes et parfois approximatives. Je ne vois pas en quoi pédaler donne un « air sain à respirer aux autres » ? Les observations bêtasses continuent : « On est en train d’interdire - à juste titre – l’usage du tabac dans les lieux publics : à quand l’interdiction des gaz d’échappement ? » « Ouiche ! » Why not ? Cela continue avec le bien fondé des éoliennes. Quand l’auteur se refuse à comprendre un problème qu’il ne s’est posé qu’à moitié, on baisse les bras de dépit, désarmé et désorienté. Malgré ces critiques un peu désobligeantes, le lecteur embarque presque malgré lui dans les pérégrinations du « cyclo-lecteur » car le journal colle au quotidien et restitue assez bien les aléas ainsi que les atermoiements liés à une telle entreprise. C’est vrai que le vélo dispense de la pesanteur et la sensation de glisse peut être jouissive. Il est aussi agréable pour le lecteur de découvrir des textes de grands écrivains portés par l’auteur. Ainsi se dessinent arborescences littéraires et ramifications sensorielles que la mémoire du lecteur féconde. De belles pages sur la fratrie, l’amitié, le goût des choses simples et les évocations de l’enfance apportent une dimension autobiographique bien venue qui aère le journal. On peut regretter que n’apparaissent pas en annexe les textes lus sur scène mais dans l’ensemble, on a envie d’aller à l’encontre de certains textes cités et ce n’est pas si mal que ça, après tout !
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