Le 2e tome de la trilogie sur New York débute logiquement par la vie et la mort d’un immeuble. Will Eisner s’interroge sur ce qui reste des immeubles quand ils ont été détruits : « Je sais maintenant que ces structures, incrustées de rires et tachées de larmes, sont plus que des édifices sans vie. » L’histoire déroule en quatre-vingts planches la vie ordinaire de quelques uns des occupants emblématiques d’un vieil immeuble jeté à terre. Eisner convoque tout à tour les fantômes de Monroe Mensh, célibataire transparent, de Gilda Green, belle femme du quartier, d’Antonio Tonatti, violoniste maçon et enfin de P. J. Hammond, prospère agent immobilier, responsable malgré lui de la perte de l’immeuble et de son âme. L’épilogue vire au fantastique et clôt en beauté le récit graphique du maestro, Will Eisner.
S’ensuivent des « Carnets de notes sur les gens de la ville ». En courtes scénettes, défilent les vies urbaines, cocasses, tragiques, confrontées aux aléas du temps aménagé à la sauce de la solitude, du dérisoire, de la bouffonnerie. Le dessinateur américain saisit sur le vif, en bon cuisinier de l’âme, des impressions forcément fugitives mais étonnamment intemporelles. Le lecteur peut puiser sans relâche dans les récits superbement dessinés. Sous un trait débonnaire et des faces benoîtes, le grand théâtre de la vie agite ses marionnettes. On peut en rire ou en pleurer mais on ne peut pas passer outre sans se faire boxer au passage.
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