La maîtrise de la nouvelle est un art difficile… il faut en peu de mots capter l’attention du lecteur, donner de la consistance au récit, et surtout éviter de laisser l’impression que cette forme d’expression littéraire a été choisie par facilité.
« Une page d’histoire et autres nouvelles » confirme bien la difficulté à éviter ces écueils : en effet, sur ces cinq courts récits, deux m’ont véritablement plus, les autres me laissant un vague sentiment d’inachevé.
Les textes que j’ai aimés ouvrent le recueil, et s’intitulent « Le luth » et « Le faux ». Dans le premier, un diplomate en poste à Istanbul réalise, alors qu’il est âgé de 57 ans, qu’il est sans doute passé à côté d’une vocation artistique… La fin de l’histoire est tout à fait surprenante, d’un cynisme glaçant, et pourtant, elle n’est que suggérée ; c’est le lecteur qui devine, atterré, la terrible issue du récit. Cette nouvelle mériterait à elle seule qu’on lise ce recueil !
Le second texte –« Le faux », donc- met en scène un riche collectionneur d’art aux origines plus que modestes, qui se montre intransigeant quant à l’intégrité dont on doit faire preuve lorsqu’il s’agit de reconnaître l’authenticité d’une œuvre. Une inflexibilité dont il refusera de se défaire, quitte à se montrer particulièrement cruel. Romain Gary parvient en peu de mots à brosser un captivant tableau de ce que la nature humaine peut avoir d’intéressant lorsqu’elle oscille à la limite de la folie.
Les trois autres textes (« Noblesse et grandeur », « Une page d’histoire », et « Les habitants de la Terre ») sont eux aussi des variations sur le thème de la démence, mais ne possèdent pas la subtilité et l’aboutissement des deux premiers. Ils évoquent des pays en guerre (il s’agit clairement de la 2nde guerre mondiale) et mettent en scène aussi bien des bourreaux que des victimes de la folie meurtrière des hommes.
Je ne connaissais pas Romain Gary, et cette activité autour des « écrivains suicidés » (sur le blog des chats de bibliothèque : [email]http://chatsdebiblio.blogspot.com/) a été l’occasion d’exhumer de ma PAL ce petit ouvrage, publié dans la collection Folio 2 Euros, qui est un extrait du recueil de nouvelles « Les oiseaux vont mourir au Pérou ».
Sans doute n’est-ce pas le meilleur choix pour découvrir cet auteur, et j’ai bien l’intention de lire un de ses romans.
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