Max
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Âge: 44
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Posté: Lun 14 Déc 2009 11:11
Sujet du message: [Doggy bag, saison 1 | Philippe Djian]
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En voici un roman saugrenu ! Inspiré par les séries TV américaines, Philippe Djian a décidé d'en appliquer les codes à la littérature et a ainsi écrit le premier soap littéraire ! Avec une jubilation de gamin espiègle, il y met en scène des personnages archétypaux et décadents, englués dans un drôlatique mélo overdosé en mensonges, passions impossibles, scènes de cul, alcools, larmes et crises de nerfs.
David et Marc Sollens sont deux frères quadragénaires pas très futés, concessionnaires en automobiles de luxe, l'œil toujours braqué sur les fesses des filles. Irène, leur mère liftée, écluse ses bouteilles de vermouth dès dix heures du matin. Quant à leur père ectoplasmique, il s'est tiré avec sa secrétaire. Il y a vingt ans, David et Marc sont tombés fous amoureux de la même femme, Edith, se sont battus pour elle, s'entretuant presque, puis réconciliés lorsqu'elle eut le bon goût de disparaître. Le récit commence avec le retour d'Edith, toujours aussi explosive, en compagnie de sa fille Sonia...
Cette saga Sollens, un peu brouillonne, est un grand ramassis de n'importe quoi, un indescriptible chaos familial, conjugal et humain dans un univers un peu dingue. C'est un vaudeville à la sauce Dallas, avec une bonne louche des Feux de l'amour pour faire bon poids. C'est un portrait très noir, souvent très cru, d'une humanité névrosée et égarée. Et pour relever le tout, Djian emploie un rythme effréné et un style inventif, sarcastique, drôle et léger dans un curieux mélange entre tragique et grotesque, qui fait que parfois on y croit, et parfois on n'y croit plus. Sans considérations intellectualistes ni descriptions languissantes, Djian se moque de nous en flattant nos pires instincts de téléphages passionnés par ce globiboulga d'ingrédients racoleurs. Un livre-gag donc, que l'on referme, comme il se doit, sur un suspens haletant, en se demandant si oui ou merde David va épouser Josiane, et si Marc a sauvé Sonia des flammes ?
« Certains hommes couchaient avec Béa dans le but d'obtenir une réduction sur l'achat de leur voiture. Sur certains modèles, ils pouvaient réaliser une économie appréciable.
Le jeune gars qui ronflait à côté d'elle, ce matin-là, ne méritait pas vraiment de rouler en Porsche. Elle était déçue. Elle se reprochait, la plupart du temps, d'agir dans la précipitation, de céder aussi facilement, mais pouvait-elle encore y changer quelque chose ?
A trente-deux ans, les mauvaises habitudes étaient prises. Elle se donnait jusqu'à trente-cinq, pas un jour de plus. Si rien d'intéressant ne se passait d'ici là, elle s'était juré de se ressaisir, de tourner le dos à la facilité. Elle prendrait alors exemple sur sa sœur qui s'était mariée une bonne fois pour toutes, qui passait son temps à courir les magasins, décorait sa maison et taillait son jardin entre deux séances d'aérobic. Ça ne semblait pas être le bout du monde. Et elles auraient alors des choses à se raconter. » (p. 9)
le cri du lézard
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