Revenir à André Blanchard au gré de Pèlerinages laïcs, c’est remonter à la source de ses propres souvenirs car ce que l’auteur approche de manière stylée et personnelle nous touche à bien des égards, du parcours en deuche aux rêveries bucoliques, de l’errance professionnelle au goût des mots. Tout un itinéraire se dessine à la pointe fine avec une langue bien tournée, chantournée même, la métaphore en embuscade, prompte à jaillir avec légèreté, l’humour et l’ironie en cartouchières croisées. L’auteur est un traqueur patraque. Le passé n’a pas d’épaisseur et les souvenirs ont perdu leurs points d’ancrage. Où est passé le camelot hâbleur des foires séculaires ? Qui se souvient du groupe Ange des années 70, « des troubadours, un peu allumés, des souffleurs de vers », « délocalisant la bohème en rase campagne », sorte d’« underground du terroir » ? Qui oserait placer Pierre Desproges entre Proust et Balzac dans ses préférences lors d’un pèlerinage au Père-Lachaise ? André Blanchard en parle avec justesse et avance avec lucidité : « Un tel artiste en enterre toujours d’autres, même à venir ». Le lecteur que je suis se laisse porter une nouvelle fois par une écriture vive, enjouée et maîtrisée, hors des modes et du temps mais parfaitement chevillée à son époque.
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