Que ressentez-vous lorsqu’il vous arrive de relire les livres de votre enfance ?
Est-ce une sensation proche de celle sue ressentit Proust avec sa madeleine ?
Parfois rassurante, parfois décevantes, et puis l’impression brute de comprendre à nouveau les mêmes choses et d’autres, que nous n’avions pas vus avant. Un regard plus mûr est porté sur l’œuvre.
Deux choses ne m’avaient pas effleurée dans cette lecture antérieure :
D’abord, la puissance de d’évocation et la sensation de réalité qui émane de cette nouvelle de Troyat. La description de la montagne-mère, de la bergerie, lieu de vie de Marcellin et d’Isaïe.
Il m’était resté la simplicité d’esprit et de cœur d’Isaïe, son amour inconditionnel pour cette montagne qui l’avait vu naître, qui l’avait blessé dans son corps et dans son âme. Seule lui restait sa force et son courage, cachée, inconnue, mais retrouvée dans la dernière remontée sur les sommets. Pour Marcellin, c’était ce désir impossible d’exister dans une autre vie que celle qui lui avait été confiée, l’espoir déçu, et la haine aussi.
Folie, haine, amour sans borne pour son frère en colère. Finalement, toutes les facettes d’un même sentiment, poussé dans ses retranchements, qui se déclinent en cascade dans toute cette œuvre.
Et encore, j’insiste, sur l’évocation de ses montagnes, la précision du détail, un talent incroyable de la description qui fait que même si l’on n’aime pas ce livre, on ne peut qu’admirer ce talent pour la narration et l’image rendue par les mots. Cette montagne là, nous la voyons, nous la touchons presque sentant le froid, le gel, la dureté de la roche…Et des sentiments des hommes, pourtant liés par l’amour fraternel abîmé…
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