Aller à la rencontre d’Yves Bonnefoy aujourd’hui c’est à coup sûr s’immerger dans la poésie et recueillir un bref instant dans le creux de sa paume le verbe poétique aurifère que le temps aura débarrassé des scories d’une langue autrefois empesée, parfois insaisissable. Le poète semble s’être bonifié dans le défilement des années et le délitement qui s’ensuit. Sa parole s’est faite, limpide, vibrante, émouvante dans son vol jusqu’à nous. A partir de choses simples, presque triviales, d’événements d’apparence anodine, Yves Bonnefoy remue des profondeurs de l’être des sentiments douloureux que la pudeur des mots dissimule, la fuite inexorable de la vie rendant futiles et grands les mille riens des existences révolues. « Hier, l’inachevable : « Ils vont, leurs mains sont pleines/ D’une poussière d’or,/ Ils entrouvrent leurs mains/ Et la nuit tombe. » Est-il possible d’être aussi lapidaire et touchant en même temps ? Les planches courbes mettent la barre très haut et la lecture aisée de ce court recueil poétique d’envergure permettra peut-être aux cœurs sombres d’entrevoir la « décrue des ombres ».
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre