Suivant assez régulièrement les lettres turques, attiré aussi par l'élégante couverture, et ayant eu tort de lire d'abord un certain nombre de critiques (cf. la note de Vanillabricot qui en référence plusieurs:
http://vanillabricot.canalblog.com/archives/2009/05/07/13657163.html#trackbacks), j'ai été fort déçu par cette lecture. D'abord, je trouve qu'il est abusif de qualifier le livre de roman: il n'en a pas la structure ni ses personnages n'en possèdent l'épaisseur. Il est divisé en deux parties dont le fil conducteur est très mince: la première rassemble une série de nouvelles (certaines bien faites), qui tournent autour d'un personnage fémin, Leylan, dans le cadre d'une île égéenne. Leylan est incidemment bibliothécaire (affichant un rapport pour le moins ambigu avec le livre et la lecture - mais ça, ça pourrait être du Pamuk, avec moins de justesse toutefois), et substenciellement écrasée par l'alcoolisme de son père (qu'elle semble rejoindre parfois), la disparition énigmatique de sa mère, et un milieu passablement asphyxiant.
Sans y trouver un paysage suffisament détaillé pour les exigences du réalisme, ni des portraits satisfaisants, j'avoue que si je m'étais arrêté là, ma notation aurait été supérieure.
La deuxième partie, dans laquelle je m'attendais au moins à ces références miroitées à la mythologie anatolienne atavique, ne m'a laissé que du désarroi face à une sorte de réalisme magique (qui pour moi est loin d'être l'apanage des Sud-américains) mal digéré. Une histoire de marche (initiatique???) en rond dans un bois, d'un frêle garçon à un seul oeil, de sa mère androgyne et d'un cheval, seul des trois à porter un nom...
Les ambitions de l'auteure sont de toute évidence mirobolantes. Le résultat n'en est pas à la hauteur. Il se trouve que, pour avoir un peu fréquenté cette génération de Turques nouvellistes post 1990, leur prose ne m'étonne plus, et les tentatives des moins talentueuses parmi elles de "edebiyat yapmak" ce qui veut dire bien plus que le sens littéral: "faire de la littérature", m'indisposent désormais.
Certaines évidentes imperfections de traduction (quand donc les traducteurs renonceront à l'anglicisme "réaliser" au lieu de "se rendre compte"...?! Comment traduire par "bar" ce qui ne pouvait être que "meyhane"?!) ont encore réduit mon plaisir de lire.
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