Les cinq nouvelles de ce recueil ont été retrouvées et publiées après la mort de Carver en 1988. Pas tout à fait achevées peut-être, mais d'une extrême netteté, d'une grande précision et d'une minutie remarquable, ces nouvelles en "tranches de vie", par petites touches, parlent avec retenue des drames de la vie : séparation, dépendance, mensonge, solitude... Des histoires de couples partant à vau-l'eau, de séparations, de vies conjugales étiolées, jusqu'à la rupture comme solution logique. Des histoires qui nous plongent dans une Amérique très quotidienne et très banale, où évoluent des personnages ordinaires qui traînent des vies gâchées qui leur échappent. On ne sait pas grand-chose d'eux, on devine un traintrain quotidien que ne viennent même plus bousculer des espoirs de vie meilleure. Jusqu'au jour où une rupture, un changement, un presque rien se produit.
Le tour de force de Carver est d'évoquer ces naufrages individuels dans un style absolument lisse et nu, une écriture dépouillée qui évite la psychologie et les effets, mais qui, pourtant, avec sobriété et sans misérabilisme, fait affleurer la souffrance de ces êtres à la dérive.
La lecture de ces instantanés de vies laisse au lecteur un arrière goût de déprime car rien dans le dénouement en points de suspension de ces nouvelles ne laisse présager que l'après sera meilleur que l'avant...
le cri du lézard
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