Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Certes le style superbe de l'auteur m'a conquis, mais l'histoire de cet homme mi-diplomate mi-espion m'a déconcerté. "Requiem pour l'est" c'est un solde de tout compte ; la destinée de l URSS et du héros s'entremèlent ,l'Histoire de l'une rebondit sur l'histoire de l'autre et toutes les deux finissent mal.
Andreï Makine a écrit un livre crépusculaire et grave, un livre désenchanté. Le narrateur dont on perçoit bien qu'il ne croit plus aux lendemains qui chantent,revient sur ses filiations familiales et c'est l'occasion d'appréhender 70 ans d'histoire de l'URSS à travers parents et grand parents qui durent subir les folies staliniennes, les purges,la dékoulakisation,la guerre civile, la seconde guerre mondiale...Au moment ou Makine fait parler son héros l'URSS n'est plus que l'ombre d'elle même,l'Empire est à bout de souffle ; sur tous les fronts conflictuels où cet apparatchik est envoyé pour contrer l'influence de "l'impérialisme US" , l'utilité de ses missions lui apparait dérisoire. Les jeux sont faits, le nouvel ordre mondial sous la bannière conjuguée des Etats-unis et du capitalisme ultra libéral s'imposent là même où Lénine 70 ans plus tôt avait prédit (bien imprudemment !), "les états capitalistes tisseront eux-même la corde avait laquelle on les pendra" . Et le narrateur (il dit JE, l'on pense au début à Makine lui même mais ce n'est pas son histoire), décidemment russe jusqu'au bout, ne trouvera son salut ni dans la vengeance ni dans l'amour ; la femme qu'il aime et qu'il recherche depuis des années a été assassinée lors de réglements de comptes propres aux services secrets .
La partie la plus belle de ce livre m'a paru être la partie centrale (la moitiè du bouquin), qui relate l'enfance du héros,la vie de son grand-père, de son père, son sauvetage par "cette femme sans nom qui parlait une langue étrangère et qui l'adopta une fois ses parents décédés", langue étrangère (l'on subodore le français...) qui le bercera toute sa vie, lui fera entrevoir l'espoir et qui l'accueillera une fois l'URSS devenue Russie (ce qui ne l'empèche pas d 'avoir la dent dure à l'encontre des petits marquis de la culture franco-française, de la suffisance des intellectuels germano-pratins, là on sent bien ce que pense Makine lui même ) !
Allez, rien que pour la langue superbe de l'auteur, je "sauve" ce livre et lui donne 4 étoiles !

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