C'est drôle. Lorsque j'étais en primaire, dans les années...60, je ne me souviens pas avoir jamais entendu asséné par le maître (où la maîtresse...) : "Nos ancêtres les Gaulois".
Jean-Louis Brunaux, éminent chercheur au CNRS,à voulu avec ce livre faire rendre gorge à tous les poncifs qu'historiens,hommes politiques,républicains de gauche,républicains de droite,vulgum pecus et français lambda ont empilés dans l'imaginaire national depuis 2000ans ; dont bien sûr la fameuse petite phrase qui a tant fait se gondoler certains lorsqu'elle était dite par un africain où un asiatique....
L'entreprise est louable (mais en fait il n'y a pas vraiment urgence puisqu'il semblerait que l'enseignement de cette partie de notre histoire soit désormais aux abonnés absents...) , mais la manière dont l'auteur aborde la problématique (chaque chapitre est bâti autour d'une question ) peut sembler un peu systématique. Le choix des questions , dont les réponses de l'auteur doivent dynamiter les fameuses idées reçues, donnent déjà justement les réponses, qui seront toujours au crédit des Gaulois. Ainsi à la question tête de chapitre : "Des sacrifices humains" ? l'on sent bien que l'auteur qui connaît sa "Guerre des Gaules" sur le bout des doigts, infirmera Jules César, Cicéron,et tous les auteurs anciens qui prêtaient aux Gaulois la détestable habitude de ne pas se contenter de porcs et de moutons pour honorer leurs Dieux...Or l'érudition magnifique de l'auteur a beau développer ses exégèses,arguties et contre-arguties, intérroger Lucain,Polybe,Poseidonios d'Apamée....il n'en reste pas moins que ce que nous savons précisemment sur ces "coutumes" est bien incertain . Et en quoi finalement s'adonner aux sacrifices humains à cette époque où d'autres peuples autrement plus "civilisés" s'y adonnaient également (Grèce archaïque, Carthage...sans parler des peuples pré-colombiens) préjuge de la valeur d'une civilisation au tribunal de l'Histoire ? Si ce n'est que le tribunal est toujours présidé par les vainqueurs...

Le travail de Jean-Louis Brunaux est utile sur un autre plan. Il offre un vaste panorama des perceptions changeantes que nos aïeux proches et lointains avaient des Gaulois. Il faut attendre la Renaissance pour que les léttrés s'intéressent à eux.Le romantisme les dédaignera. La IIIe république instillera dans la tête de chaque petit français que "Nos ancêtres les Gaulois"....Et la Résistance comme Vichy se réclamera d'eux. Et l'auteur de souligner que depuis un vingtaine d'années ce peuple et son époque ne semblent plus de mise... Et pourtant quel beau programme que "Nos ancêtres les Gaulois et l'identité nationale....".

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