Les mondes d’Aldebaran entament sans faiblir leur troisième cycle avec un 11e album prometteur. Le génie du roi Leo (Luis Edouardo di Oliveira) réside probablement dans la sensibilité qu’il sait insuffler de case en case, de planche en planche jusqu’à constituer des cycles cohérents et complémentaires. Derrière un trait et une histoire faussement naïfs, les personnages dégagent une aura qui les rend crédibles et touchants. Mine de rien, le récit de science-fiction aborde suffisamment de sujets pour attirer l’attention : la pollution, la disparition de la biodiversité, le dogmatisme, l’amour extraterrestre, l’éternité, etc. Le découpage est habile. Sur la planète Antarès, une mission composée de deux hommes et d’une femme étudie les écosystèmes dans la perspective d’une colonisation humaine. Des phénomènes surnaturels apparaissent et le trio décide d’en rendre compte à leurs employeurs restés sur Terre. Ils savent que l’abandon du projet de colonisation les condamne à rester définitivement sur Antarès. A New York, au siège de la Forward Enterprises, le projet Antarès doit aboutir coûte que coûte car la situation financière du groupe est critique. Le directeur prend la décision de dissimuler le danger, aiguillé en cela par un collaborateur dévot et zélé. Afin de séduire de nouveaux investisseurs, la multinationale va tenter de récupérer comme conseiller technique Kim Keller, native d’Adébaran, héroïne charismatique et médiatisée. Pour Kim, un nouveau cauchemar est en train de s’ourdir mais seul le lecteur en prend conscience avec des va-et-vient entre Antarès et la Terre.
Nul ennui à la lecture ; l’histoire est sans temps mort. Certaines scènes annoncent la tragédie à venir. L’épisode du chimpanzé, dernier représentant de sa race détenu au Jardin des plantes de Paris en 2196, venant poser la main contre la vitre de sa cage, épousant en reflet celle de Kim, de l’autre côté, regarde le lecteur au plus profond de lui-même. Kim est bouleversée. Il y a de quoi. La nature a été anéantie. L’air est irrespirable. La cathédrale Notre-Dame est une ruine depuis les guerres religieuses de 2058 et l’humanité baigne toujours dans les mêmes travers. On a envie d’en savoir plus. Ça tombe bien, le 2e épisode vient de paraître.
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