Relecture après plus de vingt ans. L'enthousiasme passionné demeure, la sensibilité à l'égard des émotions et des sentiments du personnage (attachant pour son âge et pour ses relations avec le jeune garçon) aussi. Une plus grande connaissance de l'auteur me permet de déceler certaines constantes dans ses thématiques: l'admiration pour le défi physique, pour le courage qui fait fi de la mort, pour la lutte de pair à pair avec la nature, dans laquelle la vie est en jeu, car l'homme se met en jeu... une certaine conception de l'héroïsme qui était aussi bien dans l'air du temps que dans la propre biographie de Hemingway.
J'ai sans doute aperçu avec plus de maturité l'originalité stylistique et aussi linguistique, qui me porte à qualifier le roman, pour sa partie la plus grande et significative, de monologue intérieur (bien que sous forme de discours direct, pronocé à haute voix dans la solitude, marqué par une ponctuation variée, d'ailleurs).
De ce fait aussi, du point de vue technique, j'estime cependant désormais que les trente premières pages (environ le premier quart) du roman, qui contiennent surtout un dialogue entre le jeune garçon et le vieux pécheur, sont trop longues (une apparition rapide aurait suffi, comme dans le final); en revanche j'aurais aimé lire davantage, vers la fin, sur les sentiments du vieux face à sa "victoire mutilée", son triomphe dans la totale défaite (la perte de l'espadon pêché, dévoré par les requins, sauf le trophée qu'est sa tête). On comprend les sentiments du "gamin", mais on ne fait que deviner les siens...
Les pages les plus émouvantes - la quatrième de couverture et autres citations que l'on lit souvent partout ne s'y sont pas trompées - demeurent celles où le vieux pêcheur s'adresse en camarade, en ami, en frère, au gros poisson qu'il est sur le point de tuer.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre