Fritz Brown est un ancien "flic merdique, la honte du service" qui s'est reconverti dans la récupération de voitures impayées. A côté de cette activité, gentiment lucrative, il s'offre pour des raisons fiscales une façade de détective privé. Cette astuce comptable va l'entraîner dans une enquête de trois cent cinquante pages serrées, (où toutefois l'action incessante s'épuise parfois dans une longue poursuite) quand un caddy dingo l'engage pour surveiller sa jolie soeur qui vit en compagnie d'un homme qui pourrait être son père.
Malgré un récit de construction chronologique, Ellroy excelle dans la mise en place d'une narration aussi déstructurée et hallucinée que les errances mentales et affectives de son héros, ce qui égare autant que subjugue le lecteur qui ne sait plu que croire et comment assembler les pièces du puzzle et qui est tenu de bout en bout par l'intrigue !
Et si Brown's requiem est le premier roman de James Ellroy, on y lit déjà ses obsessions : référence à l'affaire du Dahlia noir ; un personnage principal ambivalent, à la fois dur et fragile, désespérément en quête d'amour, de morale et de rédemption ; des excès de violence ; et, en filigrane, la détestation de l'Amérique :
« Les devantures de cette avenue noyée de smog mettent en scène les exemples de tous les projets, tous les rêves, tous les attrape-nigauds que l'esprit américain fatigué peut concevoir. C'est au-delà du tragique, au-delà du vulgaire, au-delà de la parodie. C'est l'innocence suprême », rumine Fritz Brown en parcourant le Ventura Boulevard de Los Angeles.
Ellroy a donc écrit son premier roman selon une trinité du polar classique mais efficace : sexe, argent et violence.
le cri du lézard
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