C'est un très bon roman de François Vallejo. Il a obtenu le prix du Livre Inter me semble-t-il.
Confrontation tendue de deux hommes qui représentent deux classes sociales "ennemies" au siècle de Louis Philippe et ensuite de Napoléon III. Mais c'est aussi plus que cela. Un chapitre préléminaire connote toute l'histoire à venir du conflit du garde-chasse et du chatelain "fin de race". L'auteur ,fagocitant ses personnages et leur destin met en avant deux photos semblables mais séparées de 150 ans :l'une représente un garde -chasse du 19e siècle avec un énorme chien dréssé sur ses pattes arrières, l'autre, exact double représente un militaire américain menaçant un détenu Irakien avec un chien tenu en laisse dans la (trop) fameuse prison d'Abou Graïd. François Vallejo part de ces deux témoingnages pour embrayer sur une superbe histoire de folie (presque) shakespearienne. Même si le message est un peu top téléguidé, l'histoire se suffit à elle même.
Le baron de l'Aubépine des Perrières (les noms aussi sont "bien" trouvés ) hérite de son père,ardent réactionnaire blanc et bouffeur de démocrates, d'un château un peu décrépi et de son garde-chasse taciturne qui s'occupe d'une meute de chiens ,meute à elle seule personnage à part entière de l'histoire; Lambert ( c'est le nom du garde-chasse...) est un être frustre mais beaucoup plus sensé que son aristocrate de maître qui s'est entiché des idéologies révolutionnaires en vogue à cette époque . Car le baron a la tête dérangée...Certes il aspire à une belle société égalitaire ou tout les hommes seront frères (embrassons-nous Folleville....), mais celà ne l'empêche pas de commander en son domaine : " Lambert vous direz à votre femme...." " Lambert attelez le cabriolet" .... " Lambert vos chiens sont mal tenus...". Ah on en a tellement connu des comme celà ; qui voulaient le bonheur de l'Homme, de l'Humanité, et qui ne s'appitoyaient jamais sur leur voisin,sur Cet homme,sur Cette femme....ou sur ce pauvre cheval qui peine sous la charge...
La fin est déjà inscrite . Le baron de l'Aubépine s'exalte de rêves humanitaires mais le corps et l'âme sont viciés ; c'est un pervers, un assassin peut-être, (ou est passée sa maitresse ?? hein...? ). Les rôles sont renversés, les victimes deviennent bourreaux, c'est si facile..., et les chiens ne sont que les instruments de la folie humaine qui en se persuadant de faire la justice ne fait qu'ajouter du malheur au malheur.
Je le redis, très bon roman ; et le style est au diapason.
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