« La Porte », roman ouvertement autobiographique, décrit la relation complexe entre une écrivaine renommée et sa femme de ménage.
Emerence, gardienne d’un immeuble dans un quartier chic sur une colline surplombant Budapest, fait des ménages et est chargée également de balayer la neige l’hiver et les feuilles mortes l’automne. Personnage inclassable, loin d’être humble et effacée, elle règne sur le quartier. Libre, forte, secrète, elle ne fait allégeance à aucun pouvoir politique ou religieux. Elle vit hors du temps, selon ses propres codes en faisant le bien à sa façon. Pendant la guerre, elle a caché des résistants, des communistes, des juifs mais aussi un soldat allemand blessé.
Si le mari de Magda et Emerence se supportent aisément et éprouvent même l’un pour l’autre de la sympathie, les rapports de Magda et de sa femme de ménage restent tendus, imprévisibles et d’une grande complexité. Il est vrai qu’Emerence n’aime pas n’importe comment. De leur rencontre à la mort d’Emerence, dont elle s’accuse d’avoir été la principale responsable, la romancière hongroise reconstitue la vie de cette personnalité peu ordinaire, de ses terreurs, de ses nombreuses bizarreries. Malgré le fossé social et culturel qui les sépare, Magda sera la seule à recueillir les confidences d’Emerence et à découvrir son secret. Malgré leurs difficultés à se comprendre, elle sera la seule à passer la porte de sa maison, interdite à tous. Mais elle seule la trahira, persuadée en toute bonne foi d’agir pour son seul bien, comprenant bien trop tard que la vieille femme l’aimait comme sa propre fille.
Evitant toute sensiblerie inutile et affectée, Magda Szabo raconte Emerence avec honnêteté et délicatesse, à travers des mots justes, précis et bouleversants.
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