[L'homme, ce roseau pensant... : Essai sur les racines de la nature humaine | Axel Kahn]
Karl MARX « L’homme, c’est le monde de l’homme »
Remarquable, ce livre d’Axel Kahn. Ce n'est cependant pas une surprise puisque je m’attendais à cette qualité. Ce scientifique au long pédigrée est d’une exigence et d’une précision implacable. Ce livre, présentant des thèses multiples, variées et intéressantes est une bonne vulgarisation des thématiques liées à l’homme et à son existence, autant scientifique que philosophiques.
Voila en quelques mots les thèses abordées, quelques unes pour ne pas tout gâcher et attirer votre attention :
Différence
Une relation enrichissante exige la différence. C’est l’apport mutuel des deux composantes humaines du dialogue qui enrichit leur entendement singulier et fait franchir les étapes d’une progression continue. C’est pourquoi il est nécessaire que les cultures entrent en contacts les unes aux autres, qu’elles s’entrechoquent, qu’elles se rencontrent sans pour autant se détruire, comme elles ont tendance à le faire dans cette période actuelle que nous pouvons appeler « Choc des civilisations ».
Morale
Le penchant de chaque homme d’attribuer ses valeurs morales, sa vérité et ses pensées à un autre sont souvent les catalyseurs d’une violence décuplées et mortelles, car la sienne propre nous apparaîtra assez souvent supérieure. Il n’y a pas une vérité et une morale universelle ; sauf la mienne. Il faut être capable de suivre ses principes sans jamais les tromper, mais ne jamais chercher à appliquer à d’autres sa morale propre.
Science et organicisme déviants
L’évolution sans borne des sciences se doit d’être doublée d’un projet humaniste, car ce système sans but, simplement pour servir la science, la technique, le loisir ou la paresse crée des facteurs d’aggravation de l’inégalité. L’asservissement à la technique, redouté par Heidegger, n’est pas non plus une solution des ensauvagements de l’homme.
Le recours facile à la médication pour des comportements déviants (hyperactivités, névrose) donc une approche purement biologisante sacrifie les efforts humanisant et sociétaux nécessaires. Le meilleur traitement pour un être malade est de continuer à le traiter comme un individu faisant partie de la communauté des hommes et non des médicamentés. C’est le même processus qui a cours avec le traitement de l’autisme. Plutôt que d’accompagner cette personne, beaucoup de médecins préfèrent les enfermer dans cette fameuse camisole chimique, au risque de perdre leur conscience et leur capacité de contact définitivement. Abordons le malade d’un angle humain. Faisons lui partager la communauté des hommes.
Nourrissons la pensée de l'homme
Pour échapper au fanatisme, il faut donner aux hommes le pouvoir de s’instruire, de comparer les différentes voies qu’il est possible pour eux d’emprunter. La colère et la haine qui peu naître d’un esprit humain tiens à cet asservissement aux dogmatismes. Donner deux choix permet à l’individu de faire le sien. La quête métaphysique et exigeante ne conduit au fanatisme, mais l’incohérence d’une pensée dont la fringale n’as pas été apaisée par le seul régime des vérités positives, si.
Le Progrès
La notion de progrès est à prendre avec circonspection, en effet depuis le 18ème siècle, le Progrès, en tout cas sa définition non amputée, est conçue comme l’amélioration conjointe des connaissances, des techniques et des conditions de vie. De nos jours celles-ci deviennent marginales dans le but d’accroître toujours plus la productivité et les richesses. La richesse ne va pas à ceux qui la produisent. Mais à ceux qui possèdent les moyens de production et le capital. Il y a une incohérence grave dans ce processus. Je vends ma force de travail. On pourrait même dire que je la loue au plus offrant, dans le meilleur des cas. Mais que vaut véritablement mon travail, l’objet que je crée ? En ai-je seulement la moindre idée ?
Est qu’en est-il alors que de nos jours nous voyons petit à petit nos vies se compliquer, malgré les progrès techniques ?
Les classes moyennes s’appauvrissent, au nom de ce progrès et de l’économie soi-disant toute puissante. On voit bien le résultat aujourd’hui avec cette crise financière qui finira par nous tomber dessus. Et encore les plus pauvres qui ne pourront correctement se loger. As t’on besoin d’un lecteur MP3 lorsque l’on dort dans la rue ?
Certains penseurs voyaient le progrès comme une chose bénéfique pour l’homme. Trop bénéfique…
CONDORCET par exemple, d’après lui, le Progrès : « Permet à l’espèce humaine de s’affranchir de toutes ses chaînes, soustraite à l’empire du hasard comme à celui des ennemis du progrès de cheminer d’une pas ferme et sûr sur la route de la vérité, de la vertu et du bonheur »
Et que dire de SAINT SIMON : « L’âge d’or du genre humain qui réside dans la perfection de l’ordre social. Nos pères ne l’ont point vu, nos enfants y arriveront un jour, c’est à nous de leur tracer la route. »
Lorsque l’on se rend compte, nous enfants de ces idées d’âge d’or, dans quel monde nous vivons et vers quel vie nous nous acheminons, peu on réellement parler de progrès social ; Jean Jacques ROUSSEAU, grand esprit des Lumières, pensait que tout progrès comporte évidemment sa contrepartie qui en menace constamment les avancées. Le pouvoir et les techniques du Progrès peuvent aussi tomber entre les mains des tyrans. Nous l’avons vu, nous assistons à cela tous les jours.
C’est pourquoi il est de notre devoir de faire que le progrès ne soit pas seulement un progrès technique et économique, mais un progrès social, humain et juste. Même si souvent les gens de pouvoir nous en empêchent, il est pourtant nécessaire de commencer par agir selon la plus petite entité humaine qui préexiste, c'est-à-dire nous-mêmes.
Et se poser cette question tous les jours :
Qu’en est-il de la place de l’homme dans l’établissement et la tyrannie du progrès avant tout ?
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]