La famille Delbast est catholique. Cinq frères et sœurs précèdent Fanny. A sa naissance son frère aîné a vingt ans. Dans cette fratrie, sa place est illusoire, son enfance est occultée, son identité le plus souvent réduite à un numéro pour éviter la confusion des prénoms. Petite fille solitaire, Fanny adore son père, mais il ne la voit pas. Trop de choses les séparent, trop de vie, de retenue aussi. M. Delbast est médecin. Il est de ceux qui ont fait la guerre, la première, et pour Fanny qui, adulte, récupère ses lettres envoyées du front, c'est encore l'occasion de réinventer ce demi-dieu. A cinquante ans, Fanny parviendra-t-elle à prendre sa revanche, pourra-t-elle exiger le regard de son père ? Après Bord de mer, Véronique Olmi aborde de nouveau le thème de l'amour filial avec une sensibilité remarquable. Mais, à travers la figure du père, c'est aussi de la bourgeoisie catholique qu'il est question ici, et de l'insidieuse violence par laquelle ce monde bien-pensant est capable de verrouiller la vie d'une enfant. |