Depuis longtemps Peter Kuper s'est fait remarquer, parmi les auteurs de bande dessinée, par son engagement politique et son style original, deux caractéristiques qui sont au centre de ce livre. Cet éblouissant journal est le récit des deux années que Kuper et sa famille ont passé au Mexique. Parti avec l'intention de profiter d'un paisible séjour loin des querelles politiques américaines, Kuper s'est par contre retrouvé dans une ville secouée par une grève d'enseignants, violemment réprimée par le gouvernement régional. Il a noté ses observations dans son carnet de croquis et dans des e-mails illustrés envoyées à ses proches et qui sont reproduites dans ce livre. L'habileté de Kuper dans les différentes techniques de dessin se retrouve dès les premières pages du livre, qui traitent du contexte politique, où des manifestants bariolés s'opposent aux barrages militaires dessinés à l'encre de chine sur fond du luxuriant paysage d'Oaxaca. Après l'étouffement définitif de la grève, Kuper a commencé à consigner de nouvelles émotions : plages, échoppes, vendeurs, chiens, anciennes ruines, murs couverts de graffitis et beaucoup, beaucoup d'insectes. Tout au long du livre, les mails de Kuper, basés sur ses observations directes mais rédigées comme un témoignage destiné à être diffusé publiquement, nous aident à comprendre le contexte. Si ses multiples considérations semblent nous éloigner du propos initial du livre, ses observations finales sur un sublime et implacable ordre naturel ne font que confirmer, de façon transversale, les convictions politiques qui ouvrent le livre. |