De 1940 à 1944, personne n'échappe au chaos, et surtout pas les artistes convoqués au chevet de la nation malade. Qu'il s'agisse de l'occupant, de l'Etat français, de la critique, du public et des artistes eux-mêmes, tous sont assurés que l'art doit conjurer la crise en édifiant les foules et en soignant les âmes. La vie artistique continue, les expositions attirent du monde, le marché de la peinture est florissant, la décentralisation populaire bat son plein. Il n'empêche, des ruptures de taille assombrissent radicalement le paysage de l'avant-guerre. L'exil des modernes, l'exclusion des artistes juifs et maçons, la mise au ban de Picasso, la corporation des peintres et des sculpteurs, Vlaminck, Derain, Van Dongen et d'autres, invités par le Reich à visiter l'Allemagne, les titans de Breker à l'Orangerie des Tuileries, la complicité d'une partie des élites: pour la première fois, ce livre retrace avec précision ce que fut la France artistique des années noires et une situation d'exception où l'art joua gros - sa liberté. En s'attachant à cet aspect méconnu de la vie culturelle, l'auteur éclaire de façon inédite le " coeur du système " - le régime de Vichy et la politique de l'occupant -, mais aussi l'imaginaire des Français: leurs nostalgies, leurs peurs et leurs espoirs. |