Quelques jours plus tard, le lundi 22 avril, s'ouvrit le procès de neuf commandants en chef des forces armées. Généraux et amiraux ayant appartenu aux trois juntes qui de mars 1976 à juin 1982 avaient fait régner sur le pays la plus sombre des dictatures. L'instruction avait retenu sept cent cas de " graves violations des droits de l'homme ". Plus de deux mille témoins étaient attendus à la barre.
Ce jour-là, il faisait à Paris un petit froid sec, assez ensoleillé. Sur le chantier de la place de la Bastille, la belle publicité peinte pour Nicolas avait été détruite. Mur rasé. Ce qui rendait visible le côté de la cour du long immeuble ouvrant la rue de Charenton. Je photographiai longuement la façade ravagée, incapable et peu soucieux de comprendre cette frénésie qui prenait ici, chaque jour, d'accumuler des preuves.