Sur les planches, les vedettes de l'Opéra de Pékin interprètent le duo d'amour d'Adieu ma concubine : au soir de la bataille, la favorite Yu, sous les traits de Cheng Dieyi (un jeune homme, comme l'exige la tradition), chante pour adoucir la détresse de son seigneur vaincu, incarné par Duan Xiaolou. En coulisse, Dieyi quitte parures et fards, mais la complainte de son personnage l'habite encore. Xiaolou, son valeureux compagnon de scène, le délaisse et préfère s'illustrer dans un théâtre d'un tout autre genre : à la Maison des Fleurs où Juxian, belle entre les belles, joue à merveille l'amante éperdue. Qui de la favorite ou de la courtisane remportera le premier rôle ? Des années 20 aux années 70, durant ces cinquante ans qui ébranlèrent la Chine, ces amis d'enfance, ces frères de scène vont s'aimer, se tromper, se trahir. Chute de la dynastie Qing, occupation japonaise, Révolution culturelle forment la toile de fond de cette cantate de fièvre et de sang. Sentiments masqués, jeux de miroirs, Lilian Lee tire avec dextérité les fils de cette épopée faite de soie, d'opium et de musique. Une symphonie des sens, un opéra du coeur. |