Les lèvres de bois demeuraient immobiles, figées dans leur éternel rictus. Les paupières étaient closes. - Je te hais, Billy le Transi ! dis-je au pantin. Chaque soir tu déverses une goutte de poison supplémentaire dans la vie de mon frère. Je me penchai plus près encore. - Mais ne t'imagine pas que tu vas gagner, chuchotai-je. Souviens-toi de ça. Tu passes toutes tes soirées avec lui, mais que sais-tu de moi ? Rien ! Et si l'on ne sait rien de son ennemi, comment peut-on espérer remporter la lutte ? Pour bien faire passer le message, j'assénai un coup de balai violent dans l'un des pieds de la table. Les yeux s'ouvrirent soudain. Le regard mort de Billy le Transi était fixé sur moi ! Je sais qu'il est en bois, mais, aujourd'hui encore, je jurerais qu'il y avait une expression nouvelle sur ce visage inerte. Et cette expression n'était autre que celle du triomphe.