La meuf au téléphone, elle a carrément kiffé le scoop, d'autant que c'était plutôt calme en ville. Du coup, on s'est bougés là-bas. On a joué les bad boys turcs, on a pris une sale gueule. Elle, elle nous sort : allez-y, racontez. Moi, je fais : y a pas grand-chose à raconter, dites dans votre papier qu'il s'est rien passé d'exceptionnel. Voilà ce qui est arrivé : une meuf turque s'est fait fracasser, on va pas tolérer ça ; aujourd'hui, c'est cette meuf, demain, c'est ma mère qui va y passer, ça marche pas. Écrivez dans votre journal que si ça recommence à Kiel, on retourne toute la ville, on réduit tout en bouillie. Maintenant, c'est fini. On nous fait ça une fois, deux fois, mais y a un moment où c'est trop et là, votre ville, on la nique. La meuf, elle était scotchée, elle s'est sûrement dit : putain ! Ils ont la haine, ces métèques ! [...] La meuf a tout retranscrit, que c'était juste un avertissement, que ça, c'était rien du tout mais que si ce genre de truc recommençait, on démolirait Kiel complètement. Sur ce, y a eu deux trois juges des enfants dont le mien, et encore deux trois autres enfoirés, bref des connards de gros bourges, le préfet de police, des procureurs de la République, des éducateurs sociaux, tout le gratin quoi, qui se sont retrouvés et ont pondu un speech à propos de syndrome, de causes, blablabla, de phénomène social, de violence et tout. Eux aussi, ils voulaient nous mettre la main dessus.
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