« ...Cette ardeur d’amante qui m’a poussée vers la montagne... », un de ses grand mérite aura été de changer cette image de la femme alpiniste - suffragette exaltée, incompétente par nature - que la tradition perpétuait dans un milieu essentiellement masculin de montagnards revêtus de knickers à double fonds et de préjugés tenaces.
D’ Henriette d’Angeville jusqu’au début du siècle dernier, les femmes qui grimpent batifolent dans les décors de Samivel. Dans les années cinquante, quelques équipières talentueuses se distinguent dans le sillage de mâles pas pressés d’échanger leur place. Puis vint Simone Badier. Elle a du talent. Ne manque pas d’audace. Elle perfectionne son art et franchit le pas : elle va devant ! C’est la révélation. Dès lors elle n’aura de cesse d’affirmer son autonomie, et dans la foulée de réfuter la notion délicieusement machiste « d’alpinisme au féminin », qui assigne la gente grimpante au rôle d’éternelle comparse. Son talent, ses exploits lui ont gagné la reconnaissance de ses pairs. Elle n’en est pas peu fière. Et elle a bien raison : il n’y a qu’a lire sa liste de courses. Aujourd’hui des Destivelle, des Hill, des Bodet vont de l’avant sans rien demander à personne. On les célèbre sans faire mention de leur sexe.
La dame de pic a gagné.