La Reprise - et non La Répétition, comme l'ont voulu, à tort, des traductions moins littérales - est l'un des textes les plus célèbres de Sören Kierkegaard. L'auteur songe à une reprise de ses relations avec Régine Olsen, son ancienne fiancée ; non pas à la reproduction de leur échec, mais à leur renouvellement. La reprise est cette " catégorie paradoxale " qui unit dans l'existence concrète ce qui a été (le " même ") à ce qui est nouveau (1'" autre ") . Au théâtre, la reprise d'un rôle ne se réduit nullement à son apprentissage par répétitions : c'est une re-création, une création nouvelle. Dans le langage des affaires, qui dit reprise ne pense pas récidive, mais nouvel essor. Pour un jardinier, la reprise d'une plante transplantée signifie un nouveau départ dans la vie. La reprise kierkegaardienne reproduit ce commun modèle. Mais il s'agit ici du mouvement religieux par lequel l'individu " naît de nouveau " et devient une créature réconciliée, un Unique (den Enkelte) "devant Dieu". Pour l'entendre, il convient de " lire et relire " ce charmant " petit livre ", en prenant son temps, c'est-à-dire en respectant le tempo de l'intériorité.