1er août 1933. " Tu es un libéral Martin. Tu vois les choses à long
terme. je sais que tu ne peux pas te laisser entraîner dans cette folie
par un mouvement populaire qui, aussi fort soit-il, est foncièrement
meurtrier. " 18 août 1933. " Tu dis que nous persécutons les libéraux, Max, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que
le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme
niais ? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes
cruels. La naissance est un acte brutal ; notre re-naissance
l'est aussi. " 1932. Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein,
un juif américain, sont marchands de tableaux en Californie.
Ils sont aussi unis par des liens plus qu'affectueux - fraternels.
Le premier décide de rentrer en Allemagne. C'est leur
correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce
petit livre inédit en France, écrit par une Américaine en 1938,
et salué à l'époque aux États-Unis, comme un chef-d'œuvre.
Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre capte l'Histoire
avec justesse. C'est un instantané, une photographie prise sur
le vif qui décrit sans complaisance, ni didactisme forcené,
une tragédie intime et collective, celle de l'Allemagne nazie.
Traduit de l'anglais (américain) par Michèle Lévy-Bram. |