Stauffenberg fait aujourd'hui figure de chevalier blanc dans une armée allemande compromise, voire complice d'un régime criminel. Semblable aux héros de l'histoire grecque sacrifiant leur vie pour la démocratie, Stauffenberg reste dans la mémoire contemporaine le tyrannochtone, celui qui, le 20 juillet 1944, a voulu débarrasser son pays du mauvais génie qui le conduisait à la ruine. Mais qui était véritablement le colonel Schenk von Stauffenberg ? Grâce à des sources orales et archivistiques inédites, Jean-Louis Thiériot reconstitue la trajectoire de cet aristocrate, catholique, soldat et patriote jusqu'au bout des ongles. Il montre comment la défaite imprévue et jamais acceptée de 1918 fait vaciller cette quadruple certitude jusqu'à voir dans le national-socialisme une thérapie salutaire. Surtout, il retrace, preuves à l'appui, les étapes qui conduisent Stauffenberg de la déconvenue à l'opposition au nazisme, de la tentation du repli à l'investissement corps et âme dans les complots visant à éliminer Hitler, de la mise sur pied de l'attentat du 20 juillet à l'acceptation chrétienne du sacrifice de sa vie pour l'hypothétique salut de ses concitoyens. Avec le scrupule de l'historien et la flamme de l'avocat, l'auteur fait revivre une figure inscrite au panthéon de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.