Le roi Salomon suppliait l'Eternel de lui accorder un coeur intelligent. Au sortir d'un siècle ravagé par les méfaits conjoints de la bureaucratie, c'est-à-dire d'une intelligence purement fonctionnelle, et de l'idéologie, c'est-à-dire d'une sentimentalité binaire et souverainement indifférente à la singularité des destins individuels, cette prière pour être doué de perspicacité affective a gardé toute sa valeur. Mais à quelle instance l'adresser ? Ce livre répond : à la littérature. Me fiant à mon émotion, j'ai choisi neuf titres : La Plaisanterie, de Milan Kundera, Tout passe, de Vassili Grossman, Histoire d'un Allemand, de Sebastian Haffner, Le Premier Homme, d'Albert Camus, La Tache, de Philip Roth, Lord Jim, de Joseph Conrad, Les Carnets du sous-sol, de Fedor Dostoïevski, Washington Square, de Henry James et Le Festin de Babette, de Karen Blixen. Et je me suis efforcé de mettre dans mes lectures tout le sérieux, toute l'attention que requiert le déchiffrement des énigmes du monde." Alain Finkielkraut. |