Le vicomte Pierre-Marie d'Ablis, l'un des enfants naturels de Louis XV, émigre avec le comte d'Artois dès juillet 1789 pour revenir à Paris sous le Consulat et passer bientôt aide de camp d'un Premier Consul ambigu qui ne rate pas une messe. A cette place de choix, tantôt dans le cercle étroit des familiers de Bonaparte, tantôt chargé de missions variées en France ou à l'étranger, il va pouvoir suivre au jour le jour le passage d'un pouvoir réparateur et conciliant à un despotisme de plus en plus lourd qui, à force de mégalomanie, va mener la Grande Armée au désastre dans les steppes russes et à l'occupation de la capitale par les alliés. D'abord ébloui par un régime qui lui assure une position flatteuse, en relations confiantes avec le souverain, Pierre-Marie va verser peu à peu, non sans d'amers débats de conscience, dans une opposition déterminée, que d'aucuns pourraient qualifier de trahison. Un chemin hérissé d'aventures et de mésaventures, tout au long duquel, de bataille en bataille, d'enquête en enquête, d'Austerlitz à Eylau, d'Ajaccio à Vienne, de Genève à Madrid ou à Moscou, il aura vu au débotté le tsar Alexandre, Wellington ou Mme de Staël... Ce roman, qui serre les événements au plus près en tenant compte des derniers travaux, retrace ainsi de façon vivante, et souvent surprenante, le passage du Capitole à la roche Tarpéienne chez un empereur qui perd peu à peu le sens des réalités, victime de ce que les Grecs appelaient l'ubris des tyrans, tandis que ses fidèles les plus honnêtes voient croître leurs inquiétudes et leurs scrupules devant l'évolution précipitée de cette démesure catastrophique. Une vision neuve, tantôt intime, tantôt officieuse ou officielle, d'un des moments les plus étranges de l'histoire. |