Arthur Rimbaud (celui du Harrar) et la petite Isabelle Eberhardt avaient un frère et nous l'avions oublié ! Michel Vieuchange, dont les carnets furent publiés en 1932. soit deux ans avant sa mort survenue à l'issue d'un voyage insensé au c?ur des solitudes mauritaniennes, est eu effet de ces poètes de l'errance dont le dernier mot et l'accomplissement ultime obéissent à la seule injonction du désert. Et pourtant Smara, récit parfaitement météorique, avait été salué à sa sortie par quelques admirateurs considérables : Paul Claudel, Louis Massignon, Émile Benveniste - et le jeune Théodore Monod. Paul Bowles, préfacier de l'édition anglaise de l'ouvrage, aimait à dire que sa lecture l'avait marqué pour la vie " Smara : pèlerinage monstrueux au royaume de Nulle Part ! Voilà plus d'un demi-siècle que j'ai lu ce livre, et j'ai encore exactement en mémoire les péripéties de cette partie d'échecs qui se joue sous nos yeux entre Vieuchange et son destin. " Jamais en notre langue le désert n'avait été raconté, célébré avec cette âpreté, cette violence - et cette poésie.