Certaines de nos villes sont devenues le théâtre de tensions ou d'échauffourées régulières entre jeunes fêtards et forces de l'ordre, Les deux auteurs, spécialistes de la ville et de la jeunesse, interrogent alors la vie publique dans nos cités, la place de la culture et de la fête, le rôle des formes urbaines, la capacité des générations à dialoguer, et finalement la capacité de nos contemporains à vivre ensemble et à maîtriser leurs comportements. L'ouvrage convie le lecteur à un voyage dans le temps et l'espace des cérémonies; il révèle la disparition des rites d'initiation par lesquels les jeunes étaient, jusqu'à peu, intronisés dans la société des adultes. Les fêtes à l'âge de la ville généralisée dévoilent des vécus confisqués, des mondes discontinus, le passage d'une urbanité apollinienne, transparente, sereine et lumineuse, à l'univers dionysiaque porté par le vertige du sublime, du nocturne et de la destruction. De ces trouble-fêtes émergent d'autres embarras : des styles musicaux déconcertants, l'appel addictionné à la transe, la montée des sensations extrêmes enrobées de violences... Pourtant les analyses anthropologiques montrent que la fête est une des choses essentielles que les sociétés humaines aient inventées, non seulement pour construire notre appartenance à une communauté de temps et de lieu, - première fonction, sociale -, mais aussi pour nous permettre de nous exercer à la transgression afin de mieux nous maîtriser - seconde fonction, émotionnelle. Face au vieillissement de nos sociétés, et devant le risque montant d'un repli sur soi généralisé, les auteurs en appellent à une profonde révision de nos rapports avec les jeunes pour instaurer un autre contrat: s'imposerait l'incontournable impératif de repenser radicalement nos obligations à leur égard, notamment à travers la vie publique, l'accompagnement éducatif et l'agrégation des jeunes à la société. Et les réponses à apporter ne relèvent pas de la technique, mais sont dans le relationnel et l'interaction, dans l'appartenance, dans les passages que l'on célèbre, dans l'émotionnel que l'on cultive. |