Ma mère, sa voix claire résonne dans les couloirs, les escaliers, dans la cuisine, partout, au salon, dans la bibliothèque, dans la salle à manger, jusque dans les cabinets. je m'éloigne en moi-même et dans les recoins pour résister à son bruit, j'y trouve un état fixe d'absence, je m'enveloppe d'hébétude. N'être rien plutôt que quelque chose soumis à ce flot. Ne retenir que ce qui surnage ou ce que mon frère m'explique. Une grande partie de l'année, les cigales sont nos alliées, leur chant fait écran à tout appel, à toute injonction. Ainsi assourdis, nous cherchons les rainettes dans les bassins entre les feuilles des nénuphars, nous construisons des abris dans les creux des oliviers, des figuiers ou des palmiers, loin des parents redoutés, à l'écart des autres enfants, des grandes s?urs méchantes. Nous deux dans une bulle de lumière. Mon frère est une éblouissante performance d'écrivain. L'auteur nous restitue par touches subtiles et poétiques, au-delà des blessures intimes et secrètes, l'éclat de l'enfance visionnaire. |