La pensée économique occidentale, en considérant le processus économique comme un mouvement circulaire de va-et-vient entre production et consommation dans un système clos, séparé de notre monde terrestre, a complètement ignoré la métamorphose de la science depuis la double révolution intellectuelle de Carnot et Darwin : la découverte de l'entropie et de l'évolution. Enfermée dans le splendide isolement de son modèle mécaniste imité de la prestigieuse Mécanique rationnelle de l'Europe classique, la science économique de notre civilisation thermo-industrielle ignore superbement les interactions réelles entre l'activité techno-économique, prolongement par d'autres moyens de l'évolution biologique, et les transformations de l'environnement planétaire. Le dogme économique de la Croissance est une abstraction qui trompe les gens et se trompe. En contradiction flagrante avec la perspective globale de la nouvelle science écologique du système Terre, l'idéologie économique du développement et de la croissance n'est en fait qu'une mythologie qui ignore l'irréversibilité de l'entropie croissante et refoule l'existence même des limites de la Biosphère. En mettant en évidence les rapports intimes entre la Loi de l'Entropie (le Second Principe de la Thermodynamique) et le processus économique, Nicholas Georgescu-Roegen, le dissident le plus radical de la science économique dominante de l'Occident, a dévoilé une vérité proprement écologique qui s'impose désormais au monde entier. Les pionniers de l'économie écologique et de l'écologie industrielle s'en inspirent. La mouvance actuelle des "objecteurs de croissance" a fait de La Décroissance un livre phare.