Vu le calme qui règne dans la région, vu l'ennui permanent qui y rôde, on aura quelque indulgence quant aux façons de se distraire. Ici, de loin en loin, la grippe des uns alimente le feuilleton des autres, les fièvres donnent lieu à toutes sortes de supputations, et le facteur fait de la visite. Ici les conversations explorent guère, et pour peu que tout aille bien, pour peu que tout le monde soit en forme et qu'on renonce à mourir, alors il n'y a plus rien à se dire. Sinon il y a la télévision bien sûr, mais depuis que les feuilletons sont sans suite, depuis que les épisodes s'enchaînent sans plus du tout chercher à se répondre, il n'y a même plus lieu de conjecturer sur le devenir des situations.