Tu es sur une montagne, dit Anaël, ou sur une falaise qui se jette sur un désert, et pourtant tu sens la fraîcheur de l'eau et l'odeur de la mer. ". " Tu es au milieu d'un champ d'acacias et des gens te font signe : c'est un peuple de nomades. Et tout à coup, un éclair dans le ciel, la foudre frappe sur le sol... " Je regardais Anaël, et j'aurais voulu savoir quel était le sens de cette traversée. Est-il possible que quelque chose, quelque principe gouverne une vie, organise le monde ? Anaël percevait le réel à un niveau de profondeur tel qu'il rejoignait l'artiste. Il était un artiste du coeur de l'homme. Dès lors, je restai ouverte à tout ce qu'il pouvait me dire. Ce n'était plus par curiosité intellectuelle, parce qu'il y avait là quelque chose qui me résistait, cela me dépassait, me transperçait. Je l'écoutais, je le lisais comme un livre nouveau, étonnant, qui m'apportait une autre vision de la vie, qui dévoilait sa face obscure et lumineuse.