"... On est allés directement au magasin de spiritueux, et je l'ai attendu dans la voiture. Il est ressorti avec un sac en papier dans une main et une poche de plastique pleine de glaçons dans l'autre. Il ne marchait pas très droit. Ce n'est qu'après qu'on a redémarré que je me suis aperçue qu'il était vraiment très ivre. Il se tenait tout recroquevillé au-dessus du volant, il avait les yeux vitreux et roulait à une allure d'escargot. On échangeait des propos sans queue ni tête. On a parlé d'un tas de choses, je ne sais plus très bien de quoi. De Nietzsche. De Strindberg. Il devait monter Mademoiselle Julie au second semestre. Il a été question aussi de Norman Mailer et du couteau qu'il avait planté dans le sein de sa femme. Ensuite, il a fait un bref arrêt, en plein milieu de la route, il a débouché la bouteille, et on a bu un coup. Il m'a dit que l'idée qu'on puisse me planter un couteau dans le sein lui faisait horreur. Que mes seins, il avait envie de les embrasser. Il est allé se ranger sur le bas-côté de la route. Il a posé la tête sur mes cuisses... " R. C.