Lisant le journal de Jacques Brenner, qui vient de paraître, je revois mes premiers pas vers la publication. C'est en effet Brenner, auquel j'avais envoyé le manuscrit d'Entre chien et loup au printemps 1988, qui, par téléphone, recadra mon affaire : "Si les Cahiers des saisons existaient toujours, je vous en prendrais des extraits avec joie. Cela pour vous dire que vos Carnets, c'est de la littérature à part. " Je compris " à part " comme tiré à part. J'avais bien compris. " Cela ne peut intéresser qu'un petit éditeur. " Et c'est ainsi que je bifurquai, que je me suis mis à compulser le Bottin, tombai sur ce nom, Le Dilettante, qui me plut, comme une flatterie envers mes penchants. De l'eau a coulé sous les ponts depuis. Normal, c'est son job. Mais l'essentiel, c'est qu'il y ait un pont, celui qui conduit de minuscule éditeur à maison d'édition qui a du crédit sur la place, et celle de Paris, malgré les prêchi-prêcha des ultras qui adorent aller s'agenouiller outre-Atlantique, reste la meilleure du monde. L'autre, de pont, serait celui qui m'aura évité la noyade, et permis de relier mes trente ans à mes cinquante grâce à ces Carnets dont voici, en plus fournie, la dernière livraison. André Blanchard |