Guide, éclaireur, interprète... Des professions liées à la guerre qui existent au moins depuis que les guerres existent. Avec la forte médiatisation des conflits, commencée à la fin du siècle passé, ces métiers ont pris de plus en plus de poids, si bien que les journalistes anglo-saxons ont crée un nouveau terme pour le définir : fixer. Ce mot vient du verbe to fix, (littéralement " arranger ") qui a du mal à trouver un équivalent dans la langue française mais qui exprime bien le rôle multiforme joué par ces hommes. Le fixer est le compagnon, l'intermédiaire et la source d'informations du journaliste free-lance comme du reporter embedded " embarqué " avec les troupes) qui ne se contente pas des sources " officielles ". Un bon fixer à de solides connaissances du terrain, un excellent carnet d'adresses, des contacts partout. Il se tient informé et lit la presse ; il est malin, combinard et sait prendre des risques. Il sait exactement jusqu'où il peut aller et quand il vaut mieux " décrocher " pour éviter les problèmes. Des fois, il peut être aussi un peu vantard ou tout simplement assez vénal. De là, la nécessité pour tout journaliste de s'assurer les services d'un " bon " fixer. Neven, le fixer de Joe Sacco à Sarajevo est un peu tout cela : héroïque, généreux, fanfaron et cupide. Miroir de tut ce que la guerre peut faire aux hommes, pour le meilleur et pour le pire.