La première fois que je l'ai vue, elle était assise sur un trottoir de la rue notre-dame-des-champs.
Elle était belle malgré sa détresse et je l'ai désirée. J'aurais pu céder à la lâcheté commune et passer mon chemin. J'ai cédé à la concupiscence et je l'ai abordée. Bien sûr, elle m'a envoyé paître. La deuxième fois, elle avait revendu ses vêtements coûteux et elle mendiait. L'aide que je lui avais proposée quelques semaines plus tôt, elle l'acceptait désormais. J'aurais pu faire preuve de charité et lui tendre la main.
J'ai cédé à la lâcheté commune et passé mon chemin. Je me déteste et, entre deux maux, je choisis toujours le pire. C'est plus fort que moi. Ce que chacun s'évertue à cacher, sa part la plus vile, il faut que je l'explore. Je m'y emploie dans chacun de mes livres, répondant à l'implacable injonction de Céline : " noircir et se noircir. ".