Cela se passe là-haut, tout au nord de la Suède, à la frontière finlandaise où, dans les années soixante, tels des météorites, parviennent successivement une route goudronnée, les électrophones à piles, le mascara et les premiers disques des Beatles. Excellents ingrédients pour une adolescence dans une sorte de bout du monde qui sent l'ours, la forêt et l'alcool fait maison. En ces lieux perdus et fiers de leur dialecte, les hommes ont du muscle et les femmes de la gueule. Mikael Niemi, par des scènes délirantes jusqu'à l'absurde - de l'amoncellement des rats au concours de résistance en sauna - nous fait vivre en compagnie de gamins skis aux pieds, d'adolescents qui fantasment guitare à la main, de copains dont la mort viendra briser l'amitié. Ne restera en tête au survivant que la nostalgie d'une drôle d'époque et, en bouche, le goût doux amer du baiser d'un garçon.