C'était le début de la révolution. En ville régnaient la confusion, les arrestations massives, la loi martiale. Le schah partit, l'imam arriva. On annonça que les étrangers devaient quitter le pays. Les bonnes, philippines, afghanes, indiennes, se hâtèrent de partir. Les domestiques locales s'en allèrent également. On manqua d'essence. Le prix de la viande devint exorbitant..." Ne resta plus bientôt que la question lancinante posée sur tous les tons : "Ça sert à quoi la révolution ?" Dans ce récit composé de trois chapitres, dont chacun porte le nom des trois bonnes employées par l'auteur (Zeynab, Delbar, Amineh), Goli Taraghi dépeint de l'intérieur le séisme de la révolution islamique en Iran. Trois bonnes, trois destins - Zeynab, soit-disant mariée à un trafiquant d'héroïne ; Delbar, devenue sur le tard "gardienne de la révolution" ; enfin Amineh, la Bengalie, qui suivra sa maîtresse jusqu'à Paris. Dans ce livre nostalgique à l'humour doux-amer, Goli Taraghi use à merveille de ce ton qu'on pourrait qualifier de tchékhovien n'était l'ombre portée du régime des mollahs.