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Résumé
Vous travaillez pour la télévision. Comme vous souhaitez produire une série sur les grandes filles blondes au cinéma, mais aussi dans la vie, vous pensez faire appel à Gloire Abgrall qui est un cas particulier de grande blonde. On l'a vue traverser, dans les journaux, les pages Arts et spectacles puis les pages Faits divers du côté des colonnes Justice, il y a quelques années. Ce serait bien, pensez-vous, de lui consacrer une émission. Certes. Malheureusement, Gloire est un peu difficile à joindre. Le talent d'Echenoz n'a jamais été aussi éclatant maîtrisé et plaisant. C'est un bien grand crime en effet que de séduire ses lecteurs ; de les faire sourire et rire, de les enchanter de phrases légères comme du duvet, de distiller le saugrenu, de jouer avec la langue comme un chat avec une pelote de laine. Echenoz déploie une écriture qui ne pèse pas, qui n'appuie jamais, comme si elle se refusait à exercer le moindre pouvoir de persuasion ou de coercition. Son pouvoir est ailleurs, dans l'ordre poétique. D'où l'étrange impression de se mouvoir dans un espace aérien, libéré des règles de la gravitation. Nabokov et Queneau souvent donnent aussi le sentiment que leur écriture n'adhère pas, qu'elle n'est pas destinée à coller au réel, mais à d'autres usages moins gluants. Pierre Lepape, Le Monde.