Dans l'espace sans limite des ressources du rire, Dario Fo use parfois d'un humour corrosif : par exemple, cette Histoire du tigre, l'une de ses plus célèbres performances, où il tire partie d'une fable polémique qu'on lui a racontée en Chine pour illustrer l'esprit de résistance et de ruse du peuple contre la violence et le dogmatisme obtus des bureaucraties politiques. On y trouve une merveilleuse parodie de la langue de bois communiste. Sans doute faut-il que le lecteur imagine le talent de Dario Fo interprétant en Grammelot cette interminable leçon de catéchisme politique, cette litanie sans fin.
" Le parti, l'armée et le peuple sont une seule et même chose. Il y a bien sûr, une direction, parce que s'il n'y a pas de direction il n'y a pas de tête et sans tête, il n'y a pas non plus la dimension d'une dialectique expressive qui détermine une ligne de conduite qui, naturellement, part du sommet mais qui se développe ensuite dans la base qui recueille et discute les propositions faites par le sommet non pas comme des inégalités de pouvoir mais en quelque sorte comme des égalités invariables et déterminées, afin qu'elles soient appliquées dans une coordination effective horizontale mais aussi verticale des actions incluses dans les positions de la thèse qui se développent depuis le bas pour revenir jusqu'en haut mais aussi du haut vers le bas dans un rapport de démocratie réciproque. " Imitation assassine.