Se proposant d'informer les jeunes et leurs parents sur les dangers des drogues, l'auteur sait éviter avec brio les pièges de la diabolisation. Cette dernière est désormais reconnue comme inefficace, voire contre-productive, comme arme de dissuasion. Les messages sensés engendrer la peur ne perdent-ils pas toute crédibilité quand l'expérience les dément? La "vérité" consiste à s'écarter des clichés pour exprimer ce qui correspond à la connaissance scientifique, indépendamment de toute classification sociale ou légale des substances psychoactives. La "vérité", c'est aussi différencier la dépendance de l'usage récréatif, reconnaître que les drogues produisent également des sensations agréables, hiérarchiser les dangers et les prendre en considération dans une optique de réduction des risques. Constituant le coeur de l'ouvrage, le répertoire des drogues présente les principales substances en décrivant leurs utilisations, leurs effets, leurs périls, les mesures à prendre au cas où une consommation tournerait mal, le contexte légal, la dépendance, les démarches susceptibles d'aider à décrocher. Sa lecture convaincra très vite que le parler vrai n'est nullement synonyme d'encouragement à la consommation. Au contraire. La magie du parcours, l'enchantement de l'interdit ou de la transgression apparaissent bien volatiles, semés de pièges qui font très banalement retomber sur terre. Miriam Stoppard propose matière à réflexion à ses lecteurs, les invite implicitement à décider en toute connaissance de cause plutôt que sous l'emprise de la peur ou d'une attirance irrationnelle. Elle encourage la décision du "bon choix" sans jamais livrer les usagers à la vindicte. Si ces derniers prennent des risques, ils ont aussi le droit de savoir comment les minimiser, comment agir en cas d'urgence, à qui faire appel pour essayer d'en sortir. Il s'agit enfin de préserver un dialogue toujours salutaire avec les parents, ces derniers étant mis justement en garde contre les effets pervers de la dramatisation et du rejet émotionnel.