Ecrites entre 1932 et 1959, ces dix-sept nouvelles inédites de John Fante nous rappellent, si besoin était, ce que l'œuvre tout entière du fils d'immigrés des Abruzzes doit à l'autobiographie. Les aventures d'Arturo Bandini, le double romanesque de l'écrivain, reprennent ici parmi une kyrielle d'Italiens exilés en Amérique pour le meilleur comme pour le pire, défendant bec et ongles la Très Sainte Eglise catholique, apostolique et romaine ainsi que l'intouchable familia menacée, entre autres, par les amours illicites. Dans " l'opéra du moi " composé par le grand Fante, ces nouvelles sont de splendides intermezzi où grandes espérances et amères désillusions tissent le contrepoint tragi-comique de l'existence. On découvrira aussi la violente indignation de Fante confronté au racisme des Américains, mais aussi des Japonais ou des Philippins dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Bref, Grosse Faim est un grand cru du " vin de la jeunesse " ainsi que de l'âge mûr et, cerise sur le gâteau, on y lira aussi la préface intégrale et fiévreuse de Demande à la poussière.