Pour Perry Anderson, la culture française connaît depuis plusieurs décennies une impressionnante " dégringolade ". Repliée sur elle-même, largement ignorante des grands courants de pensée contemporains - philosophie analytique anglo-saxonne, sciences politiques italiennes ou sociologie critique britannique -, elle a cessé de rayonner sur le monde extérieur, comme c'était encore le cas au début des années soixante-dix. Elle est aujourd'hui marquée, sauf rares exceptions, par une fadeur consensuelle, incarnée par François Furet, auteur du Passé d'une illusion, et Pierre Nora, architecte des Lieux de mémoire, quand elle n'est pas dévoyée par la frivolité des " philosophes médiatiques ". Les principales revues françaises - et notamment Le Débat - auraient contribué à ce ralliement intellectuel à l'ordre établi que Perry Anderson qualifie d'" union sucrée ". Cette charge sans complaisance a été publiée à l'automne 2004 dans la prestigieuse London Review of Books.
Titre
La pensée tiède : Un regard critique sur la culture française