Chacun, après tout, chacun de ceux qui écrivent souhaite vivre à l'intérieur de lui-même afin de décrire ce qu'il trouve à l'intérieur de lui-même. C'est pourquoi les écrivains doivent avoir deux pays, leur pays d'origine et celui dans lequel ils vivent. " Et c'est ainsi que l'écrivain américaine - incorrigiblement francophile - s'établit à Paris en 1907 pour y vivre jusqu'à sa mort en 1946. Elle y tint, aux côtés de sa compagne intime et secrétaire Alice B. Toklas, " le plus brillant salon de Paris ", que côtoyèrent les plus grands artistes et écrivains de l'époque. Paris France fut publié en 1940, le jour où Paris tomba aux mains des Allemands. Gertrude Stein y mêle dans un joyeux désordre ses souvenirs d'enfance à Paris, ses réflexions sur la France et les Français, la mode, la gastronomie, la guerre, ses caniches et ses amis peintres et musiciens. On y trouve aussi de petites anecdotes, souvent teintées d'humour et de poésie, sur tout ce qui est français :
" Voilà deux ans tout le monde disait que la France était finie, perdue, qu'elle tombait au rang de puissance de second ordre. Et je disais : je ne le crois pas, parce que depuis des années, depuis la guerre, les chapeaux n'ont jamais été aussi variés, aussi ravissants, aussi français que maintenant. On ne les trouve pas seulement dans les grandes maisons, partout où se trouve une vrai modiste se trouve un joli petit chapeau français. " |