"Pourquoi écrivez-vous vos mémoires, vous êtes si jeune !" Pourquoi ne pas le faire quand on en a encore une ? Un Alzheimer, une canicule et hop... dommage. J'ai connu l'échec et la gloire, ça fait un drôle de chantier. Je peux vous parler des deux. Il vaut mieux écrire ses mémoires de son vivant. C'est plus sûr... Je me prépare à mourir. On balance sur des gens qui sont là, le temps passe quand on rédige
soi-même, et on se retrouve à tirer sur des ambulances. On fignole un peu, et on arrive à cracher sur des tombes. J'ai écrit ce livre pour rendre plusieurs hommages, embrasser de jolis
souvenirs, évoquer mon amour du cinéma, des femmes, et me payer quelques belles têtes de veaux. En l'espace d'un clap, je suis passé du Cinéma de Papa aux autoroutes de l'information. J'ai tenu à donner ma version. On en retiendra ce que l'on voudra. J'ai un pied dans la galaxie Gutenberg et un autre dans celle de l'oncle Pixel. Je voudrais laisser un manuel d'exercice de la mise en scène de
cinématographe à tous les jeunes innocents qui passent le bac ciné... Ils ne pourront pas dire qu'on ne les a pas avertis. " Le livre de Jean-Jacques Beineix n'est pas seulement le récit d'une carrière. C'est un manifeste en faveur d'un certain cinéma, inventif, exigeant. Un cinéaste raconte la naissance de sa vocation et, sans rien en cacher, la véridique histoire de la préparation, du tournage et de la réception publique de chacun de ses films. Ici, pour Diva et pour La lune dans le caniveau jusqu'à
la veillée d'armes mouvementée de 37°2 le matin, en attendant la suite, toutes les étapes de la genèse d'un projet de cinéma, jusqu'à son terme avec la
sortie en salle, sont reprises dans ce qui ressemble chaque fois à une aventure, douloureuse, mouvementée. Nous sommes captivés par les personnages singuliers qui se succèdent, célèbres ou anonymes, producteurs, acteurs, techniciens. Ce sont les coulisses d'un art en pleine mutation qui sont explorées sans réserve. Tout cinéphile se devrait de lire cet ouvrage, tout futur cinéaste. Il se pourrait qu'il rappelle que le cinéma, c'est de la vie et rien d'autre. |