Il peut paraître troublant que se côtoient ici ces deux praxis, le yoga et la psychanalyse, l'un se situant dans la tradition spirituelle de l'Inde, et l'autre dans le registre clinique de notre monde occidental. Qu'auraient-ils à voisiner ensemble quand tout semble les séparer ? Aux premiers temps de mon expérience professionnelle, alors que j'adaptais le yoga auprès d'adolescents très perturbés, sa pratique m'est apparue comme la voie royale de la thérapie psychomotrice, l'antichambre de la parole pour tous ceux qui n'avaient pas accès au dire. Bien que la cure analytique demeure à mes yeux le seul dispositif capable de débusquer l'inconscient, et de faire à long terme muter les positions subjectives, le yoga et la psychanalyse offrent entre eux certains points de contact. Patanjali l'indique dans son traité des Yoga-Sûtra : s'alléger des causes de la souffrance n'est pas qu'une simple gymnastique du bien-être, c'est lier au spirituel le travail psychique qu'il implique. Freud, vingt-cinq siècles plus tard, s'applique à en comprendre la logique inconsciente. Il ne s'agit donc pas, dans le climat actuel de psychothérapie généralisée, d'inventer une nouvelle méthode. mais d'interroger les Yoga-Sûtra à la lumière de l'événement Freud au XXe siècle, et d'entendre de l'un à l'autre résonner les savoirs.